La douleur du pacha de J.L Gérôme
Tableau copié par Lara Martin
Huile sur toile, 94cm X 75cm


La douleur du pacha – Jean-Léon Gérôme
Ce tableau copié “La douleur du pacha” est à l’origine, peint par Jean-Léon Gérôme. Jean-Léon Gérôme est un peintre français né en 1824 et décédé en 1904. De notoriété internationale et nationale, les œuvres de Jean-Léon Gérôme sont très académiques et d’une grande précision.
Célèbre durant son vivant, ses tableaux nous transportent à travers des scènes spectaculaires et historiques. Il fait de nous, le spectateur de ses œuvres. Jean-Léon Gérôme raconte des histoires magnifiées et magnifiques. Il a une vraie identité artistique, son regard et sa façon très particulière d’arrêter un moment, nous donne l’impression d’être sur place. Je vous invite à prendre le temps de découvrir ses œuvres comme “Le Bain Turc”, “La Fin de Séance”, “Les Marchands de Tapis du Caire” …
Jean-Léon Gérôme a été inspiré pour le tableau “La douleur du pacha” par le poème éponyme de Victor Hugo. Ce texte sur ce pacha qui a perdu goût à la vie, se termine par “Qu’a-t-il donc ce pacha, que la guerre réclame, et qui, triste et rêveur, pleure comme une femme ?… – Son tigre de Nubie est mort”.
J’ai décidé de copier le tableau “La douleur du pacha” pour de nombreuses raisons. La première, c’est la beauté de cette peinture et du poème de Victor Hugo (1802-1885).
La scène est particulièrement réaliste. En fond de toile, un mélange architectural, situé entre “Le Palais des Lions” de Grenade et le TajMahal. Puis, au-devant de la scène, se trouve les deux protagonistes : le pacha et son tigre mort. L’éclairage à la bougie, la tête baissée du pacha, le tigre allongé sur un lit de fleurs, le spectateur est lui aussi pris dans cette veillée. Il vous reste seulement à fermer les yeux pour sentir une odeur d’encens qui parfume délicatement le lieu.
La copie de ce tableau a été réalisée en deux temps. Il a d’abord été peint une première fois, avec une même teinte pour simplement travailler les profondeurs. Ensuite, le tableau a été peint avec toutes les couleurs nécessaires. Ce tableau est peint à la peinture à l’huile, et pour rester dans les règles légales, il n’est pas exactement au même format.
Ce tableau compte environ 250 heures de travail (sans compter les temps de séchage entre les différentes couches de peinture). Il présente également de nombreuses difficultés techniques, comme celle de peindre de la fourrure, du métal, du velours, des fleurs et un tapis.
En-dehors des difficultés techniques, la mélancolie qui se dégage de ce tableau et la précision de la peinture de Jean-Léon Gérôme, a été éprouvante. Les détails sont innombrables et la douleur de ce pacha est omniprésente.
“La douleur du pacha” (1829) Victor Hugo / The grief of the pasha
— Qu’a donc l’ombre d’Allah ? disait l’humble derviche ;
Son aumône est bien pauvre et son trésor bien riche !
Sombre, immobile, avare, il rit d’un rire amer.
A-t-il donc ébréché le sabre de son père ?
Ou bien de ses soldats autour de son repaire
Vu rugir l’orageuse mer ?
— Qu’a-t-il donc le pacha, le vizir des armées ?
Disaient les bombardiers, leurs mèches allumées.
Les imans troublent-ils cette tête de fer ?
A-t-il du ramadan rompu le jeûne austère ?
Lui font-ils voir en rêve, aux bornes de la terre,
L’ange Azraël debout sur le pont de l’enfer ?
— Qu’a-t-il donc ? murmuraient les icoglans stupides.
Dit-on qu’il ait perdu, dans les courants rapides,
Le vaisseau des parfums qui le font rajeunir ?
Trouve-t-on à Stamboul sa gloire assez ancienne ?
Dans les prédictions de quelque égyptienne
A-t-il vu le muet venir ?
— Qu’a donc le doux sultan ? demandaient les sultanes.
A-t-il avec son fils surpris sous les platanes
Sa brune favorite aux lèvres de corail ?
A-t-on souillé son bain d’une essence grossière ?
Dans le sac du fellah, vidé sur la poussière,
Manque-t-il quelque tête attendue au sérail ?
— Qu’a donc le maître ? — Ainsi s’agitent les esclaves.
Tous se trompent. Hélas ! si, perdu pour ses braves,
Assis, comme un guerrier qui dévore un affront,
Courbé comme un vieillard sous le poids des années,
Depuis trois longues nuits et trois longues journées,
Il croise ses mains sur son front ;
Ce n’est pas qu’il ait vu la révolte infidèle,
Assiégeant son harem comme une citadelle,
Jeter jusqu’à sa couche un sinistre brandon ;
Ni d’un père en sa main s’émousser le vieux glaive ;
Ni paraître Azraël ; ni passer dans un rêve
Les muets bigarrés armés du noir cordon.
Hélas ! l’ombre d’Allah n’a pas rompu le jeûne ;
La sultane est gardée, et son fils est trop jeune ;
Nul vaisseau n’a subi d’orages importuns ;
Le tartare avait bien sa charge accoutumée ;
Il ne manque au sérail, solitude embaumée,
Ni les têtes ni les parfums.
Ce ne sont pas non plus les villes écroulées,
Les ossements humains noircissant les vallées,
La Grèce incendiée, en proie aux fils d’Omar,
L’orphelin, ni la veuve, et les plaintes amères,
Ni l’enfance égorgée aux yeux des pauvres mères,
Ni la virginité marchandée au bazar ;
Non, non, ce ne sont pas ces figures funèbres,
Qui, d’un rayon sanglant luisant dans les ténèbres,
En passant dans son âme ont laissé le remord.
Qu’a-t-il donc ce pacha, que la guerre réclame,
Et qui, triste et rêveur, pleure comme une femme ?…
Son tigre de Nubie est mort.
Le 1er décembre 1827.
Lara Martin